Nicolas Sadirac nous parle de l’école 42

Bonjour Nicolas Sadirac. Vous vous êtes associé à Xavier Niel (vice-président et directeur de la stratégie d’Iliad, groupe de télécommunications français, maison mère du fournisseur d’accès à Internet et opérateur de téléphonie mobile Free, entités dont il est le fondateur) pour créer l’école 42, une école gratuite pour former aux métiers de l’informatique. Quelles sont vos principales motivations ?
 
La discussion avec Xavier Niel ne date pas d’aujourd’hui, elle est née de plusieurs constats :
 

1 – les entreprises de l’innovation et du numérique ont du mal à recruter des talents étant parfois contraints de surpayer et/ou de recruter à l’étranger. Le problème est récurrent et la tendance s’aggrave
 
2 – il y a de plus en plus de chômeurs, y compris dans l’informatique
 
3 – la Web@academie, créée par François Benthanane Président de Zup de Co qui consiste à aider les jeunes sortis du système scolaire et à les former au métier de développeur web, fonctionne
 

On s’aperçoit que les jeunes qui ont des difficultés scolaires sont souvent issus de milieux défavorisés d’une part et que les compétences nécessaires pour devenir un bon développeur ne sont pas forcément les mêmes que celles du système scolaire d’autre part.
 

Bref, on veut tordre le cou aux dogmes et notre réponse, c’est l’école 42
 

Notre objectif est donc former un nombre important de talents et ces talents seront garantis de trouver un emploi.
 

Les métiers de l’informatique c’est très vague. Cette école formera-t-elle principalement au métier de développeur ?
 

Absolument. Le développement, c’est l’ABC, un passage obligé, c’est nécessaire comme l’étaient les mathématiques il y a quelques années de cela.
 

Comment se positionnera-t-elle par rapport à Epitech dont vous étiez le Directeur et qui est une école payante ?
 

Il y a 2 différences majeures entre Epitech et l’école 42 :

–          La gratuité : même si on a mis en place des systèmes de prêts et de bourses, Epitech n’est clairement pas accessible à tous ;

–          L’aspect pédagogique : Epitech propose un diplôme reconnu par l’état qui nous a obligés à faire des compromis

Avec 42, le diplôme ne nous intéresse pas en tant que tel et nous ne ferons pas de concession pour qu’il soit reconnu.
 

Pensez-vous que votre vision de l’enseignement axé sur les projets puisse contribuer à revaloriser le métier de développeur en France ?
 

Le système scolaire en France est monolithique. Nous sommes convaincus que l’on peut partir du problème concret pour arriver au résultat ; non seulement ça donne du sens et de l’intérêt mais ça a surtout un aspect ludique. La théorie est au service du résultat et pas l’inverse. On n’apprend pas parce qu’il faut et/ou sous la contrainte mais parce qu’on en a envie. Et c’est cette méthode que l’on souhaite développer à fond avec 42.
 

Quelle est votre vision du métier de développeur en France ?
 

Dans beaucoup de domaines, l’informatique a encore une fonction support avec peu de valeur ajoutée et on est en retard par rapport aux US. Mais il y a déjà des entreprises en France où la valeur ajoutée est dans l’informatique et où l’on reconnait et valorise le métier de développeur. Et cette tendance va s’accentuer. Je suis donc très optimiste sur l’avenir du métier de développeur. Il y a d’ailleurs une phrase de Steve Jobs que j’aime beaucoup « Tout le monde devrait savoir programmer parce que programmer c’est apprendre à penser ».
 

Plusieurs de vos motivations sont alignées avec celles du mouvement « Fier d’être développeur », que ce soit la valorisation de ce métier comme le souhait d’enseigner de la programmation à l’école. Seriez-vous favorable à collaborer d’une façon ou d’une autre avec l’association ?
 

J’y suis tout-à-fait favorable, pour tout vous dire, avant que vous ne me sollicitiez pour cette interview, je ne connaissais pas l’association et je trouve que c’est une excellente initiative. Dans l’immédiat, nous allons sensibiliser notre public d’étudiants et notre réseau en général à ce mouvement. A moyen terme, nous aurons l’infrastructure avec amphi dans Paris pour vous accueillir pour vos événements. Vous pouvez donc compter sur mon implication.


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